la question del'autorité du parent

Publié le par ilh

Conférence sur l’autorité, « dire non c’est bien »….

 

  1.

Pour commencer, il est intéressant de se pencher sur l’étymologie ,autorité vient de Auctor : auteur ou garant, celui qui accroit, celui qui fonde, celui qui est à l’origine des choses et qui en est responsable et qui va être chargé de transmettre.

 

La notion d’autorité renvoie donc à une question relationnelle fondamentale.

 

En éthologie, en particulier chez les chimpanzés ou les gorilles,  on se rend compte qu’il n’y a pas vie de groupe (dont nous sommes très proches sur le plan comportemental) sans hiérarchie, c'est-à-dire qu’un individu va être une référence pour le groupe et être accepté  comme étant celui qui va détenir une responsabilité : les regards seront tournés vers lui, je dis « lui » parce que bien souvent il s’agit d’un mâle (il s’agit du monde des animaux). On voit bien comment chez les animaux  la survie de l’espèce va dépendre du respect de cette ordre hiérarchique.

 

Cette autorité peut être attribuée ou acquise d’office , par la force, ce qui compte c’est qu’elle est acceptée par les autres, qui sont sous son autorité, pour être opérante.

 

Des études sociologiques ont effectivement montré que la mise en place de l’autorité s’était faite en même temps que la mise en place de liens sociaux,. Elle permettait de réguler les relations entre les personnes du groupe social .  D’emblée  donc le lien fait autorité dans les relations humaines, elle a véritablement une  fonction  de construction de l’être humain dans le groupe social par le biais de la place qu’il occupe.

 

on retiendra aussi la plus importante  sur le plan des apprentissages , celle qui consiste à transmettre des règles et des savoirs faire. On voit donc comment l’autorité va permettre l’enfant de se construire au sien de sa famille d’abord avant de pénétrer plus avant dans le groupe social élargi.

 

Sur le plan éducatif, nous ne pouvons pas parler de hiérarchie parce que l’enfant et l’adulte ne sont pas sur le même plan. alors que dans la hiérarchie, il s’agit de plusieurs personnes qui ne seront pas au même niveau social. La notion d’autorité est donc bien différente de la soumission à une personne, empreinte de crainte, elle est acceptation et respect  de la place de l’autre, dans un consensus entre les deux parties pour permettre la régulation des relations et la stabilisation des rôles de chacun.

 

Ceci nous amène à faire une parenthèse sur le statut de l’enfant et celui du parent pour ensuite aborder la question de l’autorité parentale qui nous intéresse ce soir, tout en gardant à l’esprit que l’adulte en crèche aussi détient cette autorité aux yeux de l’enfant, mais qu’elle est dépourvue de cette coloration émotionnelle qui rend les relations parents/enfants si compliquées parfois.

 

Dans le monde des humains, l’enfant est un petit d’homme et non pas un petit homme ,dès sa naissance. Parce que précisément, à la naissance, il est fondamentalement inachevé et donc vulnérable, c'est-à-dire qu’il sera en danger si l’on ne le protège pas, il sera donc dépendant.

 

Nous allons donc retenir ces notions d’être inachevé, vulnérable et dépendant auxquelles je rajouterai le fait qu’il va être en apprentissage pendant longtemps, plusieurs années, tant sur le plan individuel que social en passant par plusieurs étapes que vous connaissez qui sont la petite enfance, qui nous concerne  aussi en crèche, l’enfance, puis l’adolescence avant d’arrivée à l’autonomie totale, caractéristique de l’adulte.

 

 

 

                                                                              2.

Pour bien grandir et traverser ses étapes afin d’aboutir à l’autonomie l’enfant a des besoins qui doivent être  satisfaits. Ces besoins, sous la responsabilité du parent sont les besoins de soins, besoins affectifs, besoins de communication, besoins d’explorer et d’apprendre et aussi  d’exprimer ses émotions.

 

Face à ses besoins le parent va devoir exercer au mieux son autorité parentale avec respect et compréhension pour assurer sa mission d’éducateur.

 

Au regard de la loi, le parent est donc un citoyen qui est reconnu comme détenant cette autorité vis à vis de l’enfant,  on parlera d’autorité parentale, c’est  à dire » l’ensemble des droits et des devoirs allant dans le sens de l’intérêt de l’enfant, tant sur la plan des soins que sur le plan éducatif. »

 

Comme vous le savez sans doute, il est bien loin le temps de l’autorité paternelle exclusive.

Depuis 1958, nous sommes passés de l’autorité paternelle, à l’autorité parentale dans le Code civil. Il faudra attendre 1970 pour parler d’autorité parentale conjointe, c'est-à-dire clairement la reconnaissance de l’égalité de responsabilité entre le père et la mère face à l’enfant et donc le partage de l’autorité ouplus exactement d’exercice commun de l’autorité.

Même séparés, les parents sont autant responsables de leur enfant, qu’il s’agisse du père ou de la mère.

J’ajouterai que pour que l’autorité s’exerce aux yeux de l’enfant , il faut que l’autorité de l’un soit validée par l’autre parent, pour être acceptée  à son tour par l’enfant, qui se réfère toujours à l’adulte qu’il doit reconnaître comme son référent.

 

Parallèlement à sa fonction de nourricier et de protecteur, Il va donc avoir la tâche de transmettre à l’enfant des règles qui lui permettront de grandir tant sur le plan individuel que le plan social. En particulier l’apprentissage du contrôle des émotions pour aboutir à ce que l’on appelle l’intelligence émotionnelle » c’est  à dire la capacité de gérer ses émotions dans une relation.

 

En effet, tant qu’il est petit ,l’enfant a besoin de l’adulte, c'est-à-dire d’un contrôle externe pour juguler les débordements émotionnels des émotions fondamentales humaines que sont, la peur la joie,la colère et la tristesse. Arrivé à maturité, l’enfant sera alors capable de contrôler lui-même ses émotions , il n’aura plus besoin de ses parents pour cela et pourra donc se passer d’eux sur ce plan là.

On pourrait considérer qu’un enfant de 6ans doit être capable de faire la part des choses et de trouver ses solutions lui-même ;

Cette éducation va donc passer par l’apprentissage laborieux de la frustration, et des limites .

 

Par ailleurs, sur le plan social le parent va transmettre à l’enfant des règles, véritables codes de conduite en vue d’une adaptation sociale autonome.

 

Cette éducation ne peut être réussie que si elle s’effectue dans le respect et la confiance vis-à-vis de l’enfant. Certains auteurs parlent de bonneveillance du parent vis-à-vis de l’enfant qu’ils élèvent, c'est-à-dire lui transmettre des valeurs et des savoir être, tout en lui garantissant sa sécurité. En effet, on peut considérer qu’il y va  de la survie de l’espèce humaine.

 

L’enfant a besoin avant tout de sécurité et de confiance en lui pour progresser dans ses apprentissages. Il a été montré que plus l’enfant se sent en sécurité et donc en confiance plus il va pouvoir faire des acquisitions et progresser dans cet inconnu qui lui fait face tous les jours.

En revanche, lorsque l’enfant montre un sentiment d’insécurité , qu’il va mal, on se rend compte  de ses difficultés à faire de nouveaux apprentissages.

 

 

                                                                                              3.

Le parent lui, va devoir relever le défi de guider et limiter l’enfant tout en restant le garant de sa sécurité et de son bien être. Il ne peut à la fois représenter la sécurité et la menace  à cette sécurité ou en tous les cas doit  faire en sorte de rester le garant de son bien être, sachant que la période de l’enfance possède les fondements de la personnalité de l’adulte et donc des compétences à se situer face à l’autorité au sens large plus tard.

 

En effet, le parent est responsable devant un enfant, qui apprend d’abord de l’adulte , et surtout par imitation. L’imitation est le vecteur principal de l’apprentissage de l’enfant.

 

Le parent , qui exerce son autorité aux yeux de l’enfant, va être un modèle quotidien pour lui et l’enfant attend de cet adulte qu’i lui montre ce qu’il doit faire. Il attend donc plus de voir ce qu’il faut faire que d’entendre ce qu’il faut faire. L’adulte va donc être dans l’obligation d’être cohérent c'est-à-dire de faire ce qu’il dit pour se donner les moyens d’être le modèle qu’il faut pour l’ enfant.

 

Dans un société moderne comme la nôtre où les critères principaux sont l’individualisme, le plaisir et la facilité, il va être difficile de faire passer des messages de partage, et  de respect de l’autre,

De frustration et d’effort, qui sont pourtant à la base de sa future adaptation sociale à commencer  par l’école.

 

Comment en effet  lui apprendre à contrôler ses émotions si le message lui est transmis dans les cris, comment lui dire de ranger ses affaires si l’adulte lui –même se dit qu’il rangera plus tard, comment lui faire accepter la ceinture dans la voiture si l’adulte lui-même ne la met pas ? Comment se faire reconnaître dans sa place si l’adulte lui-même se plaint constamment.

 

Voilà la définition de l’autorité au plus près de la réalité, : être investi du pouvoir de montrer à l’enfant que l’on est responsable de son éducation, à chaque instant,  et qu’à ce titre là on sait faire ce qu’on lui dit de faire, afin qu’à son tour il prenne modèle et accepte de le faire afin de devenir un adulte responsable à son tour.

 

Ca ne sera pas sans difficulté parce que le développement de l’enfant est long et se fait par à-coups ;

 

L’enfant ,on a vu ,est inachevé et en devenir et cela tant sur le point moteur que psychologique.

Il va lui être difficile d’accepter de renoncer au principe de plaisir qui régit sa vie depuis sa naissance, alors il va résister ou plutôt gagner du temps. Il va falloir lui  montrer, souvent, lui mettre des limites pour le protéger dans ses explorations multiples  et nécessaires dont il ne sait pas si elles sont dangereuses ou pas tant qu’on ne lui dit pas.

               

Et chaque rappel à l’ordre sera  aussi pour lui une occasion de vérifier , parfois juste par le regard, que l’adulte est bien là pour le protéger et viendra renforcer son sentiment de sécurité, qui malgré ses jérémiades sera plus important pour lui que la frustration du moment.

 

L’apprentissage est un processus qui se fait par essais et par erreurs, nous le savons bien, même encore adulte (combien d’erreurs m’a t il fallu faire avant de comprendre certaines règles en informatique par exemple!!) il faut donc répéter pour intégrer, en se disant que l’enfant va y arriver.

 

En gardant confiance dans ses capacités à accepter plus qu’à comprendre : il y a eu sans doute méprise sur le sens de ces fameuses compétences de l’enfant, il comprend , oui, mais c’est aussi un enfant, alors il met du temps à faire la part des choses entre le plaisir qu’il faut différer, quand par exemple il faut s’arrêter de jouer pour aller au bain et la nécessité de se plier à la règle imposée par le parent ou l’adulte garant de son éducation, qui exerce là son autorité.

 

 

                                                                              4.           

Il va être important pour le parent de garder le cap, de ne pas faiblir devant les déferlements émotionnels de cet enfant qui crie.

Quelle prouesse parfois pour garder son calme et contenir le débordement de cet enfant  et en même temps tenir bon pour lui garantir la sécurité affective , et la transmission du cadre et de la règle !

Il sera bon de lui rappeler alors qu’il est un enfant et qu’avant de savoir , on  apprend ,et que l’adulte est là pour lui apprendre des choses.

 

A une époque où tout est négociation, le défi va être de préserver le besoin de communication avec l’enfant tout en mettant une limite à la discussion pour arrêter une décision en accord avec des valeurs ou une règle à transmettre : l’enfant ne peut pas tout comprendre sur l’instant

 

 

 

En Conclusion

 

Au fond l’autorité du parent consiste surtout à rester conscient de cette immense responsabilité qui repose sur ses épaules ,d’être garant des valeurs qu’il aura transmises dans les meilleures conditions à cet enfant ,qui va devenir à son tour un homme ou une femme et peut être un père ou une mère, qui transmettra à son tour comme on le lui aura montré, des valeurs à ses propres enfants, garant à son tour de la survie de l’espèce humaine.

 

Alors oui, dire non c’est bien et c’est même indispensable, et il n’est pas besoin de se fâcher fort, de faire peur, de sortir de ses gongs, pour faire accepter  à l’enfant que le non est la limite décidée par son parent au nom d’une règle qui fait autorité et non pas au nom d’un bon vouloir arbitraire de l’adulte. Là est toute la différence pour l’enfant. L’arbitraire est synonyme de pouvoir et donc de soumission alors que le rapport à une Loi externe renvoie au respect de l’autre.

 

D’ailleurs, on peut aussi dire ‘oui, une autre fois, pas aujourd’hui, peut être, on va voir….l’essentiel étant que l’enfant ait été entendu dans sa demande légitime de sa place  d’enfant.

 

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